Aujourd’hui quand on mentionne « L’Angiolén dal Dom », un souvenir très particulier revient à l’esprit de nombreux parmesans qui se trouvaient dans la ville la nuit du 21 octobre 2009.
Il était 2 heures 29 du matin, quand la moitié de la ville fut soudain réveillée par un fracas sans précédent.
Mais qu’est-ce donc : une tempête, un tonnerre, un tremblement de terre ? Plusieurs habitants sont ensuite retournés se coucher avec dans leurs esprits cette interrogation restée sans réponse. Certains qui étaient plus proche du centre historique, en plus du bruit assourdissant, avaient vu un éclair de lumière aveuglante qui n’avait duré que quelques secondes.
Ceux qui habitaient encore plus près de la Piazza Duomo avaient tout de suite regardé par leurs fenêtres en direction de la cathédrale et avaient vu brûler la flèche qui surplombe le clocher.
Il n’y avait pas de flammes, mais de la fumée et des étincelles, signes d’un début d’incendie provoqué par un puissant coup de foudre qui s’était abattu sur le clocher, puis s’était propagé à travers toute la croix qui se trouvait dans la main de la statue en cuivre représentant un petit ange doré qui depuis des siècles réside sur le sommet de la flèche.
« L’Angiolén », ou « Angiol D’Or » fut réalisé en 1293 pour l’inauguration, qui se serait tenue l’année suivante de la flèche du clocher de la Cathédrale.
Quand on la regarde depuis la place (Piazza Duomo) on pourrait avoir l’impression qu’il s’agit d’une petite statue, un ange en miniature. Bien qu’elle soit loin d’être gigantesque, la statue mesure un mètre et quarante centimètres et est faite de feuilles de cuivre doré. On peut la voir briller sous le soleil quand il fait beau. Elle est également montée sur un axe qui la permet de tourner afin de réduire l’impact avec les vents forts. Cette précaution amène parfois les passants à se poser la question pourquoi « L’Angiolén » a-t-il tourné le dos à la Piazza Duomo, comme s’il était offensé.
Aux yeux des parmesans qui sont habitués à la voir tout le temps, elle est le symbole d’une présence constante qui, du haut de la flèche, semblent observer le va-et-vient des gens sur la place et dans les rues autour du Dôme. Elle est connue de tout sous le nom de « L’Angiolén » mais ses traits sont ceux del’Archange Raphaël : Ange de la guérison, protecteur des malades, des aveugle, des voyageurs et des époux. Il se tient debout avec les ailes grandement ouvertes, vêtu d’un drap, d’une grande auréole derrière la tête et tient dans sa main le fût d’une croix dorée.
Ce fut précisément la croix (bien qu’il s’agisse de celle entre les mains de l’exemplaire situé en haut de la tour) a être frappée par toute la puissance de la foudre dans la nuit d’octobre. Le lendemain matin, la photo emblématique du poteau plié par le choc électrique, avec la croix déformée, mais toujours entière, était déjà en circulation sur les journaux online.
Un véritable « coup de chance », dit-on, parce qu’il a été confirmé par des experts qu’un tel coup de foudre aurait pu détruire un bâtiment sans protection, bien qu’il y ait des paratonnerres sur le toit de l’évêché et sur ceux des maisons voisines.
L’accident a conduit à une longue série de restaurations, qui ont non seulement permis de réparer le fameux clocher , mais aussi de faire émerger des trésors perdus.
Sous l’ancien revêtement en cuivre, appliqué dans les années 800 pour recouvrir le toit qui est en état de délabrement, l’on a retrouvé la construction de la flèche originale: c’est une structure typiquement médiévale en terre cuite, faite de briques en formes de pétales mais détruits partiellement par la grande chaleur émanant de la décharge électrique. L’on a utilisé quatre mille tuiles ayant la forme de celles originales pour restaurer le toit afin de rester fidèle à la structure précédente.
Il semble que l’Angelo D’Oro (Ange D’or) ait assumé le rôle du « paratonnerre » de la ville, même si personne ne sait avec exactitude la date qu’il fut monté pour la première fois au sommet du clocher de la Piazza Duomo.
Le célèbre poète dialectal du XXe siècle, Alfredo Zerbini, a dédié un poème émouvant, publié dans une anthologie de 1982, à l’ange de sa ville natale, qui semble jaillir du cœur brisé de Parme, face aux horreurs de la guerre.
« L’Angiol dal Dom »
L’angiol tra ’d lu al pensäva seri seri:
– Con tutt stj areoplàn, chì su ghe scota!
Quand i m’én söra a trèmma al Batisteri,
la Torra, al Dom, San Zvan e la Pilota…
Ah! Povra la me Pärma! Con stil gueri
an t’n’è pu ben gnan ti, né ’d dì né ’d nota!
Quant’ crözi novi at gh’è int al simiteri!
Quant bej gionvot a t’à robè sta lota!
Mi an son che ’n angiol ’d ram e sensa cor,
epur a pregh, a fagh tutt coll ch’as pöl
par tgnir lontàn da ti tutt i dolor!
Mo l’òm, ch’l’è ’n angiol viv, s’al spicca al völ,
inveci ad färes bel davanti al Sgnör,
s’al gh’la caviss, al te bombärda al söl! –
(Par : Alfredo Zerbini, « Toutes les poésies », Parme, Battei, 1982)
L’Ange original a changé plusieurs fois de demeure . Dans un premier temps, il est resté pendant des siècles au sommet de la flèche, surveillant Parme d’en haut avant que les intempéries ne puissent le ruiner de façon irrémédiable, il fut décidé en 1962 de le destituer de son poste et de mettre une copie à sa place, afin de préserver l’original. Pendant longtemps, la statue a occupé une place d’honneur dans la nef centrale du Dôme avant de trouver un emplacement définitif dans une belle salle aménagée dans le Musée diocésain, où elle est encore conservée jusqu’à nos jours.
Personne ne connait le nom du sculpteur qui a fabriqué l’Angioletto, mais toutefois l’on sait que la sculpture a vu le jour dans la forge de Bernardino da Sacca. Il est composé de deux demi-formes en cuivre dont les intérieurs sont creux et les extérieurs recouverts d’or, d’où son surnom « Angiol D’Or ». En l’examinant de tout près, il est possible de voir qu’il porte plusieurs inscriptions, qui témoignent d’autant de travaux de restauration effectués au cours des siècles pour le protéger des intempéries. Mais il est fort probable que l’artiste qui l’ait créé s’est inspiré des œuvres précédentes de Benedetto Antelami qui avait déjà réalisé de nombreux anges pour la cathédrale et le baptistère.
En fait, deux d’entre elles veillaient déjà sur la place: il s’agit des statues des archanges Gabriel et Michel, réalisées par Antelami. Elles ornent les deux niches au-dessus du Portail de la Vierge, du côté du baptistère qui fait face au nord et donnant sur Piazza Duomo.
L’archange Raphaël semble vouloir compléter cette triade. Tous les trois ont eu un parcours commun, étant donné qu’ils ont été remplacés par des copies et sont réunis aujourd’hui à l’intérieur du musée diocésain.
Le Dôme et le Baptistère
La Cathédrale et le Baptistère, mais aussi le Musée Diocésain et le Palazzo del Vescovado (Palais de l’évêché) : Piazza Duomo est l’axe qui réunit autour de soit tous ces monuments riches en art et en histoire.
En la parcourant à pied, immergée dans la tranquillité du lieu et le chant des hirondelles, il semble incroyable de penser à la multiplicité des événements qui se sont succédés sur ce site où se trouve la Cathédrale, autrefois lieu de culte païen, puis devenue une basilique paléochrétienne. Elle fut détruite par deux incendies catastrophiques mais heureusement reconstruite autant de fois, d’abord en 890 et puis en 1074.
L’église fut consacrée à Santa Maria Assunta et appelée « Domus », un nom qui n’a pas changé avec le temps « Duomo ». Ses fameux lions de marbre se trouvant dans une position assise depuis des siècles sur les côtés de la grande porte d’entrée, sont devenus l’un des symboles de Parme.
La construction d’un deuxième clocher similaire au premier à gauche de la façade était également prévue, de ce fait l’on est réussi a construire la base vers 1602 mais peut être par manque de fonds l’œuvre ne fut jamais portée a terme. Il n’est resté donc que le splendide clocher original resplendissant dans son architecture gothique à l’intérieur de laquelle ont été placées cinq grandes cloches de bronze, parmi lesquelles la grande et fameuse cloche conçue expressément pour faire retentir ses sons d’une façon puissante « de Reggio Emilia à Borgo San Donnino (Fidenza) », par la suite elle fut renommée« il Bajòn » .
L’intérieur du Dôme se présente comme une magnifique collection de chefs-d’œuvre artistiques qui se situe entre l’architecture, la sculpture et les fresques. La spectaculaire fresque qui orne la nef centrale est l’œuvre de Bresciano Lattanzio Gambara et représente l’une des plus célèbres œuvres du Dôme puis l’on a aussi sans aucun doute la supère décoration de la coupole au-dessus du presbytère qui représente « L’Assomption de la Vierge au Ciel« , elle est dépeinte par Correggio. Il s’agit d’une perspective spectaculaire « du bas vers le haut ‘’ l’on peut admirer la Vierge qui monte au ciel entourée d’une tumulte d’anges et de figures bibliques. C’est une composition si audacieuse et révolutionnaire qu’à l’époque suscita tant d’agitations et de vives critiques comme celle-ci « un ragoût de cuisses de grenouilles« , faisant allusion à la confusion des bras et des jambes exposés et » entremêlés » .
On peut toutefois affirmer qu’au cours des siècles le temps a donné raison à l’artiste : aujourd’hui, ceux qui visitent la cathédrale ne peuvent que parcourir la nef centrale et enfin lever les yeux vers cette coupole, où pénètre une merveilleuse lumière avant de se perdre totalement dans la splendeur de celle qui a toujours été considérée comme l’une de ses œuvres les plus belles et les plus mémorables.
À quelques mètres du Duomo se dresse le monument qui, lors des soirées les plus sereines, devient rose comme par magie sous la chaude lumière du coucher du soleil: il s’agit du Baptistère, conçu par Benedetto Antelami et construit entre 1196 et 1216. L’artiste a voulu laisser sur l’architrave du Portail de la Vierge une inscription avec sa signature “scultor Benedictus”et la date du début des travaux, 1196.
C’est un monument significatif, car il est considéré comme la confluence entre le style roman et le gothique primitif. Son plan octogonal évoque symboliquement le baptême, et l’œil d’un observateur attentif pourrait remarquer que les côtés sont faits de façons intentionnellement asymétriques. En fait, il semble qu’au Moyen Âge, la symétrie était synonyme de mort, il n’est donc pas surprenant que l’on veut éloigner cette idée le plus possible d’un monument construit pour célébrer la vie et la renaissance.
En marchant tout au long de la partie externe, on peut admirer une multitude de personnages imaginaires, mystérieux ou mythologiques, des tuiles décorées de monstres, de dragons, de sagittaires, des sirènes, des licornes et des lions. Il y a trois portails qui mènent à l’intérieur, mais le portail central et principal est celui de la Vierge, appelé « de la Rédemption », parce que toute sa construction fait référence à la venue du Rédempteur et à la rémission de tout péché dans le Baptême.
Et maintenant il ne vous reste plus qu’à visiter en personne cette place qui bien que soit si « petite », est riche d’histoires à raconter… et est d’une beauté unique !